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L’art contemporain, les installations, performances, etc.

 

 

Si
tout ce qui précède dans mon “manuel du peintre” est
trop difficile, faites de l’art contemporain.

 

 

 

Avertissement

Le
terme “art contemporain” est à entendre ici dans
le sens “officiel”, celui qui a été monopolisé
par les galeries marchandes comme Christie’s et Sotheby’s à
partir des années 60, soutenues en cela par quelques théoriciens
comme Pierre Restany ou Arthur Danto et se réclamant des penseurs de la contre-culture.
Héritier de Duchamp et avant lui des Futuristes, l’art contemporain
a donné les pleins pouvoirs au concept, mutilant l’être
humain de sa dextérité, de sa sensibilité, de
sa spiritualité. Il méprise les notions de savoir-faire,
maîtrise technique, métier, sensibilité, émotion
plastique, harmonie, recherche du beau… Il crée une rupture
totale avec les arts qui l’ont précédé en prétendant
se rapprocher de la vie “réelle” ou si possible se
confondre avec elle. Il cultive l’art de la subversion et de
la déconstruction. Il reflète effectivement les
travers d’une société désabusée, en perte
de repères, d’idéal et de sens. Voir preuves à
conviction ci-dessous.
Généreusement soutenu par les finances du marché
de l’art, l’art contemporain a réussi à s’insinuer dans
toutes les sphères de la vie publique, de la politique à
l’enseignement en passant par la culture et les médias; il
est parvenu à imposer partout ses dictats. C’est ainsi que
la multitude des courants artistiques qui poursuivent leur chemin
en dehors de lui n’ont pas droit aux subsides des états pourtant
alimentés par chaque citoyen; les espaces publics leur sont
interdits, elles ne peuvent être enseignées dans la plupart
des écoles et académies, parfois avec menace de sanction
en cas de “désobéissance”. S’il n’y a pas
là dictature et pensée unique, ça y ressemble
étrangement.
Si vous voulez en savoir davantage et ne pas être dupes des
manipulations médiatiques, vous trouverez ICI quelques références de livres qui dénoncent les
dessous et les travers de ce monde à la fois secret dans l’orchestration
de ses stratégies et tapageur quand il s’agit de motiver et
de convaincre le public.

« Mon œuvre n’a aucune valeur esthétique… Le marché est le meilleur critique ! »
Jeff Koons

 

 

 

 

La pelle à neige de Marcel Duchamp – 1913

 

La Ferrari accidentée de Bertrand Lavier, exposée actuellement à Beaubourg. 1993
En 1913, Marcel Duchamp a eu l’idée “géniale” de décréter qu’un objet était une œuvre d’art dans la mesure où celui-ci était désigné comme tel par un “acteur de l’art” et qu’il était exhibé dans un lieu destiné à la “monstration” d’œuvres artistiques. D’où ses “ready made” ou objets industriels de consommation courante adoubés œuvres d’art par simple décision d’un “artiste”. Il fallait aussi que l’artiste n’éprouve aucun intérêt pour cet objet et qu’il ne le trouve ni beau ni laid, d’où une absolue neutralité dans le regard porté sur l’objet.
Depuis une centaine d’années, cette formule est répétée en milliers d’exemplaires, chaque fois accompagnée d’un discours ampoulé longuement péroré par les ayatollahs de cette religion du non sens.

 

 

Si donc
vous ambitionnez de trôner au panthéon de l’artbizz
parmi les stars de l’ “art contemporain”, commencez par
faire table rase de tout ce qui est écrit dans les pages
qui précèdent, considérez que les principes
et valeurs qui ont inspiré des millénaires de création
artistique ne sont que fariboles rêvées par de faibles
esprits appartenant définitivement à un passé
révolu et qu’il a fallu attendre notre siècle des
lumières à diodes électro-luminescentes pour
qu’enfin quelques prophètes inspirés reçoivent
la révélation de ce qu’est l’art en esprit et en vérité,
puis déclinez de manière obstinée quelques
formules basiques visant à honorer les valeurs ultimes que
sont la transgression, la subversion et la déconstruction.
Déconstruction de quoi? Mais de tout et de tous, éventuellement
de vous-même! De la société qui vous nourrit,
du capitalisme qui vous enrichit, de la religion qui s’empresse
d’accueillir vos oeuvres en ses sanctuaires, des fonctionnaires
et politiques qui refusent de vous censurer par crainte de se voir
accusés d’être rétrogrades, réactionnaires
ou nazis, des plumitifs qui vous encensent… L’art est mort, vive
la subversion ! L’art épris de beauté, cette notion
vague et subjective, est dépassé, fini, mort, méprisable.
Vive la laideur, le kitsch, le trivial, le bricolage, le gribouillage,
le gluant, la saleté, la scatologie, la pornographie… Ça,
ce sont des valeurs contemporaines bien réelles, le monde
c’est ça, c’est la réalité quotidienne d’une
humanité qui a perdu toute foi en sa propre grandeur, la
loi d’un monde emporté dans les tourbillons chaotiques des
renversements de valeurs! L’art contemporain s’ébat dans
le désordre comme un enfant se complaît dans ses excréments.

Mise
en garde: si vous osez porter un regard critique sur les productions
de l’art contemporain et exprimer votre désapprobation, si
vous osez vous indigner, ce n’est évidemment pas parce
que vous êtes lucide et que votre esprit est sain, mais bien
parce que vous n’avez rien compris, donc que vous êtes au
minimum à moitié demeuré. Ou pire, parce que
vous êtes réactionnaire ou nazi, l’argument n’est pas
rare. La dictature n’est plus du côté de celui qui
impose, mais du côté de celui qui a l’outrecuidance
de douter.

 

En
guise de” mise en bouche”:

 

Damian
Hirst
“The abyss”
Estimation, entre1.500.000 et
2.280.000 €
Cherchez la profondeur du concept

 

Wim
Delvoye
Une des “productions” de son cloaca,
ou machine à faire des crottes.
Entre 7.500 et 15.000 €. Emballée sous vide (Ouf!)

 

Friedman
Une mouche en plastique achetée 2 € dans un magasin
de farces, vendue 88.125 dollars chez Christie’s
= 101.250 €

 

Jef
Koons et ses potiches de brocante.
(Grandeur nature)

Vendu
5.600.000 $ chez Sotheby’s en mai 2001

 

Pour
vous permettre de tendre vers les sommets artistiques illustrés
par les chefs-d’œuvre ci-dessus, je vais vous confier quelques secrets
et précieuses formules magiques, comme autant de clés pour
ouvrir le sésame protégeant le cénacle des acteurs
de l’art,
ceux-là qui assureront votre promotion (et la leur),
votre célébrité (et la leur), votre fortune (et la
leur), votre talent (et le leurre).

Suivez scrupuleusement mes judicieux conseils et vous serez bientôt
un artiste contemporain confirmé, un plasticien admiré
et adulé, promu dans et par les multiples galeries, espaces culturels et musées appartenant au vaste réseau privé/public
efficacement structuré et entretenu, soutenu financièrement
par l’état qui dispense généreusement et unilatéralement
les deniers publics attribués à l’art d’aujourd’hui.

 

Étape
N° 1
: choisir votre créneau.

Avant
toute chose, décidez-vous, vous avez le choix entre deux directions
à prendre, celle du kitsch clinquant (fig.1) ou celle des déjections
(fig.2) ou de la saleté. Il vous faut, soit attendrir le regardeur(sic)
et espérer susciter un sourire d’acquiescement, soit créer
une salutaire réaction de dégoût qui l’aidera à
remettre en question les représentations conventionnelles de ses
références bourgeoises. La pureté du regard passe
par les excréments…

 

 

Fig.
1 – Murakami, le kitsch customisé façon carrosserie
de voiture

 

Fig.
2 – Serrano – “Shit” – Une production du corps de l’artiste…
La stagnation de l’adulte au
stade anal

Vous
avez choisi ? Passez à l’étape 2.

 

 

Étape
N° 2 :
ne vous préoccupez pas de la technique.

Méprisée
depuis 1909 par les Futuristes et ensuite par Marcel Duchamp, l’absence
de maîtrise ou de savoir-faire n’est plus un problème,
l’habileté serait plutôt un handicap car vous risqueriez
d’habilement dessiner et de peindre en étant attentif aux aspects
esthétiques de votre création. Ne perdez jamais de vue que le seul
critère éminemment respectable et utilisable, c’est l’idée,
le concept ! L’être humain est dorénavant un cortex,
il doit être amputé de ses tripes, de son cœur et de
sa dimension spirituelle. Et si votre projet est vide de sens, des plumitifs,
fidèles serviteurs du réseau, se chargeront de lui en conférer.
Sociologues, philosophes ou pseudo-philosophes apporteront occasionnellement
une précieuse caution. Nietzsche sera souvent pris (en otage?)
comme référence, mais aussi la french theory avec Deleuze,
Foucault, Derrida qui n’en demandaient sans doute pas autant.

Mais,
sans nous égarer dans de vaines théories, venons-en à
la situation concrète.

La
comparaison est éloquente, elle est rappelée de manière
récurrente, l’artiste contemporain est un chef d’orchestre ! Il
n’est plus un trompettiste ou un violoniste, ainsi que le déclarait
encore récemment, parmi d’autres, Anish Kapoor. Réjouissons-nous
toutefois que l’Histoire de l’humanité ait eu le bonheur d’engendrer
quelques “trompettistes” du genre de Michel-Ange, da Vinci,
Rembrandt, Breughel, Turner, Goya, Van Gogh… Des trompettistes, on l’oublie,
qui étaient aussi compositeurs, chefs d’orchestre et exécutants
puiqu’ils dirigeaient la partition qu’ils avaient préalablement
composée et qu’ils interprétaient ensuite eux-mêmes. Faut-il
qu’ils n’aient rien compris pour s’être donné tout ce mal
!

Il
est vrai que la majorité des artistes contemporains ne réalisent
plus leurs concepts eux-mêmes, d’abord parce qu’ils en seraient
incapables, ensuite parce qu’il faut que la production suive, commerce
oblige. Ils se contentent de les décrire dans un cahier des charges
qu’ils confient à des équipes d’ouvriers spécialisés.
Jeff Koons et Damian Hirst par exemple, sont à la tête de
véritables entreprises constituées de près d’une centaine
d’ouvriers.

Ci-dessous
à gauche, on peut voir deux réalisations signées
Cattelan, une sculpture hyperréaliste montrant le pape Jean-Paul
II terrassé par une météorite ( Fig.3), une autre
représentant un Hitler en prières (Fig.4). Le problème,
c’est que ces sculptures signées Cattelan n’ont pas été
réalisées par Cattelan, il en serait bien incapable, mais
bien par le sculpteur Daniel Druet qui possède un authentique métier
et une belle maîtrise. Malgré son talent réel, il
est ignoré des médias et ne figure pas dans
les anthologies d’art contemporain contrairement à Cattelan qui
fait oublier ses incompétences grâce à la “puissance”
de ses concepts ! Concepts géniaux ??? A chacun d’en juger, mais
tout le monde, dès l’enfance, peut s’adonner au petit jeu qui consiste
à imaginer une infinité de situations incongrues ciblant
divers personnages, exemples: Bill Gates en haillons, tendant une sébile,
un chien bâtard à ses pieds. Vladimir Poutine en serveur
chez Mac Donald. Elisabeth II d’Angleterre en vêtements d’apparat,
couronne sur la tête, assise sur le “trône” …
de sa salle de bains. Ou, pourquoi pas, plus incongru encore, Cattelan
qui modèle un autoportrait très ressemblant. Etc.
La figure 5 est de Daniel Druet seul, sans l’ “aide” de Cattelan.

 

 

Fig
3. Signé Cattelan
Le pape Jean-Paul II terrassé par une météorite

 

 

Fig.
4. Signé Cattelan
“Adolf 2”

 

Fig.5
– Toulouse Lautrec par Daniel
Druet

 

 

Étape
N° 3:
choisissez
un objet, n’importe lequel, clinquant ou répugnant, trouvez-en
cent, mille ou cent mille exemplaires; faites-en une installation, une accumulation obsessionnelle, névrotique. Alignez-les
sur le sol, fixez-les aux murs, collez-les au plafond, créez un
parcours à l’intérieur ou/et à l’extérieur
du lieu de la monstration. Plus il y en aura, plus ce sera fort,
plus ce sera génial. Cette formule clichée fonctionne depuis
presque cinquante ans, elle a sans doute encore de belles années
devant elle, alors, pourquoi s’en priver ?

Regardez
autour de vous, chaque objet peut faire l’affaire: crayons, écrans, souris d’ordinateur,
clavier, téléphone portable, ampoules, épluchures
de pommes de terre ou d’orange, casseroles, pots de fleurs, chaises et,
si vous faites dans le monumental, autos, vélos, motos, tuyaux, colonnes…
(Ces exemples sont réels). Entassez tout cela en vrac ou au contraire bien ordonné. Pour éviter les frais, récupérez,
visitez les décharges ou déchetteries, les entreprises de
démolition, éventuellement peignez le tout en monochrome,
patinez, salissez…

Lorsque
vous aurez acquis votre statut d’artiste contemporain, Pinault, Gagosian
ou Castelli s’offriront Versailles, le Palais de Tokyo, Beaubourg, le
Louvre, les Mac, la Fiac, les Frac, les Cracs… ainsi que l’une ou l’autre
cathédrale; ils y exhiberont vos géniales créations.
Votre cote montera en flèche jusqu’aux sommets brumeux de la finance,
inaccessibles aux regards embués des regardeurs qui ne
voient pas plus loin que ce qu’on veut leur faire croire même s’il n’y comprennent pas grand chose.

Vous
trouverez ci-dessous quelques exemples, évidemment non limitatifs,
illustrant ce mode de créations clichées. Amusant parfois
? En tout cas très rudimentaire dans son principe et multipliable
à l’infini sans faire appel à une once d’imagination.

 

 

 

 

Buren
(sans doute son moins mauvais projet)
Boltanski
(non, on n’est pas à l’armée du salut)
Tadashi
Kawamata (non, on n’est pas à la Rothschild)
Martin
Creed (non, on n’est pas chez Ikéa)

 

Etape
N° 4
:
choisissez un objet, n’importe lequel, agrandissez-le, multipliez ses
dimensions par cent, par mille, faites-le réaliser selon ces mesures
par des ouvriers qualifiés.

Un
banal gadget peut convenir, tels les porte-clé géants de
Jeff Koons, mais aussi un tas d’autres objets, fruits, légumes,
animaux ou éléments humains: figurines en plastique, pièce
de jeux à la mode, objets ménagers ou ustensiles de bureau, pièces
mécaniques, véhicules, etc. Sans oublier bien évidemment,
les déjections animales ou humaines, et tant pis s’il est difficile
d’atteindre les sommets quand on croupit sous la ceinture. Plus ce sera
énorme, plus ce sera pris pour de l’audace et de l’originalité.

Voir
ci-dessous quatre réalisations illutrant ce principe mille fois
exploité.

 

 

 

Anish
Kapoor
Son énorme cacahuète sous le dôme du Grand
Palais à Paris.
Amusant, mais sa place est plutôt à Euro-Disney.

 

 

Paul
Mc Carthy

Une
gigantesque crotte gonflable, une de plus,
reproduction
d’une crotte de chien.

 

Simone
Decker
Une montagne de caisses servant à emballer des œuvres,
sous le dôme du Mudam à Luxembourg. On trouve beaucoup
d’emballages dans l’AC, mais pas grand chose à l’intérieur.

 

Claes
Oldenburg

Amusant,
mais ça ne voit pas loin.

 

 

Etape
5
: puisez des éléments dans la nature et faites-en des
tas. Cette formule répétée des milliers de fois dès
la fin des années 60 dans le Land Art, avec à peine
quelques variantes , étonnamment, ne lasse pas les amateurs d’art
contemporain. Si l’une ou l’autre création telles celles de Christo
sont parfois intéressantes ou amusantes, la large majorité
n’en sont que d’indigentes et pâles reproductions.

Tas
de bois, de charbon, de grenailles, de sable, de feuilles, entassement
de branches, alignement de fagots, de poutres… Rassemblez tout ça
dans une forme géométrique ou dérivée: cercle,
carré, pyramide, cube, sphère… Ajoutez éventuellement
un petit élément coloré sensé véhiculer
une pensée porteuse de sens. Ecrivez peut-être un ou deux
mots. C’est très bien vu même si c’est beaucoup vu.

 

 

B.
Pagès

 

 

Félix
Gonzalès (non, ce n’est pas le frère jumeau de B.
Pagès)

Verschueren
pour le socle.
La
stèle est gallo-romaine.
On
parle ici de “dialogue”
Dialogue de sourds ?

 

 

Étape
6
:
N’oubliez pas la croix, c’est très porteur!!!

Parmi
les symboles de la religion catholique, la croix a été triturée
à toutes les “sauces” des milliers de fois. Ne l’oubliez
pas, c’est très efficace, et si vous la traitez de manière
blasphématoire, il y aura toujours de bons prêtres pour vous
comprendre et vous absoudre. Alors, triturez-la, barbouillez-la, trempez-la
dans du formol, de l’urine, de la glu, collez-y toutes sortes de matériaux
de récupération, crucifiez-y des poupées Barbie,
des ours en peluche, des maquettes d’avion, des armes à feu…
(exemples réels). Vous vous demandez pourquoi vous faites tout
cela, ne vous inquiétez pas, des plumitifs inspirés trouveront
des mots savants, des phrases pompeuses et ampoulées, des références philosophiques pour y plaquer
de savants concepts et vous découvrir du génie.

Young-Hwa-Yoon

 


Raynaud
– Après les carrelages blancs et les pots de fleurs rouges.

 


Corentin
Harlé

 

 

Vous
pouvez voir ci-dessus le “célèbre” Piss
Christ
de Serrano. Il s’agit d’une photo d’un crucifix plongé
dans un aquarium d’urine et de sang, celle et celui de l’artiste photographe.
Serrano se dit chrétien et prétend rendre ainsi hommage
au Crucifié. Peut-être bien, mais quand on voit la photo
de son excrément (fig.2), on est surtout en droit de penser
qu’une bonne part de lui-même triture encore les miasmes du
stade anal et qu’il se complaît à tourner en rond dans
ses vieilles obsessions.
Exposé un peu partout dans le monde, le Piss Christ a trouvé
des promoteurs inattendus parmi les membres du clergé dont
le père Pousseur qui déclara: le Piss Christ est porteur
de lumière. Déclaration candide ou insidieuse ? Car
on sait que le porteur de lumière n’est autre que Lucifer
lui-même…
Cette œuvre n’a pas fait que des convaincus, elle a été
la cible d’actes de vandalisme attribués à des fondamentalistes
chrétiens. Je ne sais si c’est exact, mais je ne serais pas
étonné si le vandale était plus simplement un
amateur d’art authentique lassé de ces éternelles redondances
scatologiques.
Argument entendu pour justifier le Piss Christ: la crucifixion,
c’était cela, du sang et de l’urine!

Nous voilà donc face à un néo-dolorisme saint-sulpicien,
autrefois rejeté pour sa mièvrerie et ses cataractes
d’hémoglobine; sans doute n’y avait-il pas assez d’urine pour
bénéficier de la bienveillance contemporaine.

 

 

“Lorsque
j’ai découvert les ready-made, j’espérais décourager
ce carnaval d’esthétisme. Mais les néo-Dadaïstes
utilisent les ready-made pour leur découvrir une valeur
esthétique. Je leur ai jeté le porte-bouteilles
et l’urinoir à la tête comme une provocation
et voilà qu’ils en admirent la beauté”.

Marcel
Duchamp – Lettre à Hans Richter – 10/11/1962

 

Remarques:
les quelques exemples que j’ai sélectionnés ci-dessus ressemblent
à des milliers si ce n’est des centaines de milliers d’autres qui
depuis cinquante ans usent et abusent des mêmes formules.
Vous pourrez en trouver quantité de semblables en surfant sur Internet.
Cette sélection reflète les principaux clichés débités
à la tonne par les plasticiens, souverains poncifs qu’on
expose un peu partout dans les temples de l’art
contemporain: galeries, centres culturels, foires dont les noms finissent
en “AC”, musées somptueux édifiés à
grands frais pour sa gloire comme autant de prestigieux écrins
pour présenter des bijoux de paccotille dont la durée de
vie est limitée à quelques mois quand ce n’est quelques
jours.

Retenez
bien ces formules, vous les rencontrerez un peu partout dans les sanctuaires
dédiés à l’art contemporain. Appliquez-les si vous
souhaitez gravir les marches de la célébrité.
Mais, si votre dessin est habile, si vous êtes sensible à
la forme, aux matières et à la couleur, si votre recherche
spirituelle ou votre questionnement philosophique vous ont haussé
plus haut que l’étage des excréments ou de l’urine, et surtout,
si vous avez du talent, au risque de vous décevoir, je dois vous
convaincre d’abandonner tout espoir d’être intronisé un jour
dans le club fermé des adeptes de la subversion et des adorateurs de la déconstruction.

Le
public trouve parfois que certaines de ces réalisations et bricolages
sont amusants ou astucieux, mais cela suffit-il pour les considérer
comme des œuvres d’art ? On arguera que le concept sauve la mise,
mais quelle est la portée conceptuelle d’un tas de cailloux répété
en milliers d’exemplaires ? Même si je prends l’exemple “magistral”
de la “fameuse” installation de Boltanski au Grand Palais, celle
qui a mis en scène une grue de chantier qui puise aléatoirement
parmi des tas de vêtements usés, celle qui, dans un vacarme
assourdissant évoquant les battements cardiaques, ambitionne de
symboliser la condition humaine, dois-je considérer cette installation
comme étant géniale ou dérisoire ??? En ce qui me
concerne, je trouve cela plutôt pauvre, d’autant plus futile que
le propos est prétentieux et que l’installation gigantesque, malgré
ou par son effet grand spectacle, amplifie la banalité de la monstration et la superficialité dans l’expression du concept.

Il
y aurait beaucoup de commentaires à ajouter à tout ceci,
mais pour faire bref, j’ai passé sous silence les manifestations
baptisées “performances” ainsi que les vidéos.
A titre d’illustration, mentionnons quand même quelques exemples
de “performance”: en 1963 déjà, Ben du groupe
Fluxus se brosse les dents en public, une “performance” sans
grand risque quant à son intégrité physique; en 1967
Journiac va plus loin, il singe l’eucharistie, réalise du boudin
avec son sang et le donne à manger au public en scandant “ceci
est mon corps”… Plus d’audace encore avec Burden qui demande qu’on
lui tire une balle dans le bras, mais aussi avec les actionnistes viennois
qui se mutilent ou se crucifient, avec Marina Abramovic qui se fait lacérer
les chairs avec des lames à rasoir. Plus de cynisme encore lorsqu’en
2007, Guillermo Habacuc recueille un chien abandonné dans la rue,
l’attache dans une galerie et le laisse mourir de faim. L’Allemand Georg
Schneider projette d’en faire autant avec un vieillard en phase terminale
mais doit abandonner son projet face à une avalanche de plaintes
et à une protestation du monde politique, etc. etc.
et

A
titre illustratif, voir ICI une de ces joyeusetés (soft !) performée par le performer Olivier de Sagazan. Ou encore, mais un peu moins soft, cette conférence
de Raphaël Cuir
, historien de l’art et président de l’Association
Internationale des Critiques d’Art pour la France: l’art de disserter
sérieusement sur la performance qui consiste à se nourrir
des déjections corporelles… Âmes sensibles s’abstenir !

Voir aussi:
Un remake contemporain de “l’origine du monde” de Courbet.
La performeuse pondeuse qui pond avec son vagin, plus performant que d’arriver à pied par la Chine…
Etc.
Etc.

Toutes ces démonstrations et tout le battage publicitaire orchestré autour de l’art contemporain ne révéleraient-ils pas
surtout les symptômes d’une société profondément
malade ?

 

Liens vers des sites sérieux et utiles >

 

 



© "Le manuel du peintre" dans le Louvre de Michel Barthélemy