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Exposer, vendre, présenter ses œuvres

Exposer, vendre, présenter ses œuvres.

Lorsque nous nous exprimons dans la vie courante, nous le faisons en principe avec l’intention d’être entendus. Oublions toutes celles et ceux qui n’en demandent pas davantage et poursuivent imperturbablement leur discours quand l’autre se risque à placer un mot.
L’expression artistique reflète ces cas de figure. Un peintre exprime des choses qui lui semblent importantes et espère la plupart du temps trouver un interlocuteur au bout de son expression. Cette attente est parfaitement légitime. Toutefois il est important de savoir que s’exprimer s’accompagne de risques, ceux de rencontrer soit l’indifférence, soit des jugements qui ne vont pas dans le sens du nôtre ou qui s’y opposent. Savoir cela et s’en convaincre est une règle du jeu à accepter et à bien intégrer, indispensable pour se préserver de beaucoup de désillusions et de vexations. Exposer, c’est aussi s’entraîner à se défaire des susceptibilités de l’égo. Quoi qu’on fasse, on ne plaira jamais à tout le monde.

1 – Exposer

Il existe des différences importantes entre l’exposition d’un peintre débutant et celle d’un peintre chevronné. Le débutant nourrira en principe moins d’exigences sur le plan de l’organisation, soit par ignorance des paramètres entourant divers modes d’exposition, soit par une lucide conscience de la valeur de son travail.
Pour le débutant, participer à une exposition locale et collective peut être un premier pas pour se confronter à l’appréciation du public, une première expérience pour entamer le chemin d’une longue carrière de peintre. Ce type d’exposition peut se faire en tant que telle ou à l’occasion d’une fête scolaire, d’un événement dans la cité, d’une journées “porte ouverte”, etc.
Le peintre peut tout aussi bien tenter ses premières expériences en accrochant quelques œuvres dans un café, un restaurant ou tout autre lieu public qui présente des murs capables de recevoir et de montrer des tableaux.
Dans ce cas, il ne faut pas craindre de prendre l’initiative, d’être demandeur sans attendre d’être demandé.

Progressivement le chemin se tracera, petits pas après petits pas ou bonds après bonds, selon la réponse des visiteurs, des acheteurs, des organisateurs ou des galeristes… et selon la chance, inattendue ou provoquée.

Notons aussi comme moyen particulier de se faire connaître, le battage publicitaire, le plus souvent utilisé par des artistes dont le premier talent est d’essayer de se convaincre et de convaincre les autres qu’ils en ont. A peu près chaque cité héberge en son sein des gloires locales, admirées par un public confondant la renommée et le talent. Ce procédé est à utiliser si votre ambition première est d’être connu et admiré par les profanes. Entre un excès de discrétion et une auto-glorification tapageuse se situe comme en toute chose le juste milieu. A chacun de trouver le sien.

Lorsqu’une production artistique est suffisamment étoffée, la création d’un site Internet ou d’un blog constitue une vitrine multi-usages intéressante. Il servira de référence, de “press-book” à renseigner à des personnes intéressées par le fait que vous soyez peintre.
Un tel site sera hébergé chez un serveur et référencé dans divers
annuaires regroupant des sites artistiques.
Il vous permettra aussi d’être repéré par des organisateurs (curateurs, commissaires…) de salons ou des galeristes désireux de montrer votre travail.

Mais ici, attention aux arnaques ! Méfiez-vous des propositions d’expositions à Pékin, à Tokyo, à Las Vegas, à Dubaï, etc. Attention aussi à des inconnus qui souhaitent vous acheter des œuvres pour décorer leur nouvel appartement ! La majorité de ces propositions sont des arnaques; si vous devez avancer de l’argent ou envoyer des tableaux, vous ne reverrez jamais la couleur de l’un et des autres.

Il existe aussi des salons “prestigieux”. Si on vous demande 1.000 € pour six mètres de cimaises, c’est à vous qu’il apaprtient d’évaluer si le jeu en vaut la chandelle. Quoi qu’il en soit, renseignez-vous auprès de participants des années précédentes. Et calculez ce qu’encaisse un organisateur qui expose cent artistes en demandant 1.000 € à chacun…

Avant d’accepter un accrochage dans une “galerie” ou un autre lieu d’exposition, posez des questions:
– Depuis combien de temps la galerie est-elle ouverte
? Peut-être êtes-vous le premier et serez-vous le seul exposant.
– Quels ont été les exposants récents ? Vous renseigner auprès de l’un d’eux.
– Avez-vous un site internet ? Se méfier si le site est inexistant ou si il sent l’amateurisme.

– Disposez-vous de cimaises ?
– Quel est le type d’éclairage ? D’ambiance ou localisé, par spots ?
Par la fenêtre ??? Un éclairage faiblard dévalorisera vos œuvres.
– L’accrochage se fait-il sur panneaux ou sur grilles caddies ?
Un accrochage sur grilles caddies est souvent inélégant ou inadéquat quand la lumière vient de l’arrière.
– Quelles sont les conditions financières ?
– Les œuvres seront-elles assurées ?
– Etc.
Ces questions permettront de savoir si la proposition qui vous aura été faite est sérieuse ou si on vous sollicte uniquement pour faire une animation ou pour justifier les dépenses d’un budget.

– Attention aussi aux propositions de figurer dans un dictionnaire “prestigieux” référençant les artistes, même si la première édition est gratuite. Il s’agit souvent d’un appât avant de passer à l’étape suivante qui elle sera bien payante. Ici encore, bien se renseigner sur l’éditeur et sur sa maison d’édition son registre de commerce, le bilan actuel de sa société, l’imprimeur désigné. Grâce à Internet tout cela est aujourd’hui accessible. Si aucune référence n’est spécifiée, laissez tomber.

Si vous avez atteint un niveau professionnel, vous avez déjà fait pas mal d’expériences positives ou négatives et vous savez comment gérer la bonne marche de vos expositions, tout en ne perdant pas de vue que des promesses fantaisistes, une exploitation douteuse ou une escroquerie ne sont jamais à exclure.

2 – Vendre

Vendre ses tableaux fait la plupart du temps partie de la logique des expositions. Lorsqu’un “client” se manifeste, le peintre débutant est souvent décontenancé, ne sachant quel prix il va demander. Surtout n’attendez pas ce moment pour établir votre catalogue “Titres et prix”, car ça fait très, très amateur, ce qui décrébilise déjà le sérieux de votre travail. Pensez-y et imprimez un feuillet que vous placerez sur une table ou dans un coin du lieu d’exposition.
Reste à décider de la fourchette dans laquelle vous allez établir vos tarifs. Si cela n’est déjà fait et si vous êtes hésitant, essayez préalablement de repérer les sommes demandées par d’autres artistes. Que leur talent soit égal, supérieur ou inférieur au vôtre, ceci constituera un bon point de départ pour pouvoir vous situer de manière honnête et logique.

Un bon conseil, faites-vous respecter, n’acceptez pas les marchandages, même si ça vous fait plaisir de vendre. Une œuvre d’art n’est pas un tapis. Ceci ne vous empêche pas de déclarer que par principe, vous accordez une réduction de “X” % lors d’un achat
ultérieur. Vous pouvez aussi donner un dessin, une reproduction, etc. selon votre générosité.

Par contre, pourquoi ne pas accepter un paiement par mensualités ? Signez pour cela une sorte de formulaire/contrat prévoyant le rythme des versements et leur nombre. Notez l’adresse et le numéro de téléphone de l’acquéreur et demandez un acompte à déterminer avec lui. A dupliquer avec un papier carbone.

Il m’est arrivé de découvrir en fin de salon, des peintres qui affichaient “soldes: -30%” ou “deux pour le prix d’un”. C’est totalement indigne d’un engagement artistique, c’est le lot de personnes qui travaillent généralement à la chaîne en répétant systématiquement un procédé de base, sans inspiration et sans s’investir dans leur production, simplement pour vendre.

Pour calculer votre tarif, certains facteurs parallèles ou subjectifs peuvent en influer le montant:
– Combien vous a coûté le matériel pour réaliser votre œuvre ?

– Quel est votre attachement personnel
à telle œuvre particulière ?
– Jusqu’à quel point la trouvez-vous réussie ?

– Quel a été votre investissement en temps, en conviction, en énergie… pour la réaliser ?

– Quelle est la taille du tableau ?
– Etc.

Avec le temps, vous verrez si vos prix sont adaptés et si vous pouvez progressivement faire monter votre cote, tout en sachant que l’époque que nous vivons n’est pas les plus favorables à l’acquisition de tableaux.

 

3 – Présenter ses œuvres.

– Avec ou sans cadre ? Tout cela dépend du support et du style de peinture. Un tableau de style brut, gestuel, brossé… s’accomodera volontiers d’un accrochage sans cadre. Une œuvre au réalisme finement détaillé sera valorisée par un encadrement “traditionnel”, voire baroque dans certains cas. Le “caisson américain” ou “caisse américaine” est une formule qui convient à de nombreuses œuvres contemporaines, par sa sobriété et son élégance classique.
Dans un caisson américain, la toile est posée sur un débordement intérieur perpendiculaire au bord du cadre (fig.1) et ensuite fixée par l’arrière avec des vis.

Fig. 1


Fig. 2

Un tel caisson peut être réalisé à peu de frais par un bricoleur moyen Il suffit de coller perpendiculairement deux planchettes ou lattes de bois ou de MDF (fig.2) ou encore une latte sur un panneau qui constituera le fond sur lequel sera vissé le tableau. Le tout sera assemblé par collage et éventuellement renforcé par une pointe aiguille (Fig.3-A). Un bricoleur un peu plus accompli réalisera préalablement une feuillure dans la latte perpendiculaire pour pouvoir y glisser le fond (Fig.3-B).
En principe le fond sera peint en noir ou dans le même ton que la tranche de la toile. La face avant de la latte perpendiculaire, celle que verra surtout le visiteur, pourra être peinte
en une couleur or, argent ou toute autre nuance.
Le problème principal lorsqu’on souhaite réaliser
un encadrement soi-même, c’est de couper les angles avec précision à 45°. Pour cela, il est utile de disposer d’une scie électrique à onglets, finement réglée. Les boîtes à onglets ne donneront qu’un résultat très approximatif et presque toujours décevant.

 


Fig. 3

 


Fig.4

Une fois les deux profilés collés et coupés à longueur, il faudra les assembler pour former un cadre, donc enduire les angles à 45° avec de la colle et mettre sous presse le temps du séchage. Différentes sortes de presses existent, la plus efficace est celle du type “serre-joints à sangle”, voir par exemple cet outil dans la marque ROK ci-dessous (Fig.5):

Fig.5

Fig.6

Notons encore l’engouement actuel pour les châssis toilés 3D, la plupart malheureusement en coton. L’épaisseur du châssis est généralement de 3 cm. Cette formule permet de se passer d’encadrement et convient à de nombreux style de peinture. Voir ci-dessus un châssis toilé 3D proposé par Talens (Fig.6). En outre, la tranche peut être peinte, soit d’un ton uni, soit en prolongeant le motif du tableau.

Doré, argenté, couleur bois, noir… Quelle couleur choisir pour le cadre ?
La règle est relativement simple et dépend de l’intention du peintre. Quelles couleurs le peintre souhaite-t-il mettre particulièremnt en valeur dans son tableau ?
Pour répondre à cette question, souvenons-nous du principe des contrastes: ce sont les couleurs contrastes qui attirent le plus le regard. Autrement dit, si je choisis un encadrement de couleur chaude, je vais mettre les couleurs froides en évidence tandis que le cadre s’associera aux tons chauds pour remplir le rôle de ton dominant. Inversément avec les couleurs froides domminantes qui mettront les tons chauds en évidence.

Ci-dessous à gauche, le cadre patiné à la feuille d’or s’associe aux bruns chauds du tableau pour mettre les bleus et les verts en valeur.
A droite,
le cadre patiné à la feuille d’argent s’associe à la famille des tons froids (bleus, verts, violets) pour attirer davantage le regard vers les bruns chauds et les rouges.
Subjectivement on peut préférer l’une ou l’autre solution, mais objectivement, l’exemple de gauche dégage une impression de chaleur et d’intimisme enveloppant que n’a pas l’exemple de droite, plus “ouvert”, plus “aérien”…

Ces principes sont aussi valables pour les valeurs, claires ou foncées, pour les saturations, vives ou discrètes.
IMPORTANT:
en principe, si le cadre contient une couleur, on évite que celle-ci soit plus vive que les couleurs du tableau car cette situation aurait pour effet de détruire l’intensité de ses nuances. Le cadre est là pour soutenir l’œuvre et non pas pour attirer le regard vers lui.

 

 

– Les systèmes d’accrochage.

Que ce soit en galerie ou à domicile, un système d’attache souple et élégant est préférable à des clous plantés définitivement dans un mur… Ce système permet beaucoup de souplesse, donc de modifications régulières d’accrochages au gré d’un rythme de travail et des nécessités d’exposition. Il suffira de visser une fois pour toutes un profilé métallique (rail) sur un mur, directement contre ou à quelques centimètres sous le plafond.

Parmi les nombreux systèmes qui existent, le plus souple est
un rail dont le profilé est celui présenté ci-dessous (Fig.7). Les rails en “U” retourné sont également élégants, mais avec beaucoup, il est souvent nécessaire d’utiliser un manche de brosse ou de grimper sur une escabelle pour faire coulisser la tigette.
La figure 8 présente un profilé parmi les plus pratiques ainsi que deux tigettes métalliques blanches dont l’extrêmité recourbée fait office de crochet. Sur la tigette elle-même, on peut voir deux types de crochets à tableau. Ces deux systèmes se resserrent avec le poids du tableau, il n’y a donc pas de risque de les voir glisser vers le bas. Le crochet du dessus est efficace jusqu’à 15 kilos de poids supporté, celui du dessous jusqu’à 10 kilos. D’autres systèmes existent pour un accrochage plus lourd, mais le principe reste le même que pour le matériel présenté ici.
Les tiges métalliques sont péférables aux fils de nylon, en effet, avec les manipulations successives, ceux-ci finissent par se fendiller et devenir cassants.


Fig.7

Fig.8

– L’éclairage

Un tableau a été peint à la lumière, lors d’une exposition, chez soi ou ailleurs, il est important de lui rendre une lumière qui révèle toutes les subtilités de ses coloris, car une lumière trop faible les rendra ternes jusqu’à ce qu’ils deviennent noirs dans l’obcurité… Ce n’est pas l’éclairage qui fait le tableau, comme je l’ai parfois entendu déclarer, mais c’est l’éclairage qui restitue l’intensité et les subtilités de ses couleurs. Exposer ses tableaux dans un lieu mal éclairé est une bonne façon de dévaloriser son propre travail et de le rendre inintéressant aux yeux du visiteur.

Il existe deux types de lumière, la lumière ambiante ou éclairage général de la pièce et la lumière directionnelle, orientée vers le tableau. Le meilleur système est l’éclairage directionnel, avec un ou plusieurs spots dont l’angle de rayonnement permet de couvrir toute la surface peinte.
Les ampoules halogènes ou LED (lumière chaude !) de bonne puissance répondent généralement à ce genre d’exigence.

Le principe pour éclairer efficacement un tableau consiste à décaler le spot à 50 cm ou à 1 mètre du tableau, selon la hauteur du plafond. Voir ci-dessous illustration à gauche.
Ceci est basé sur le principe optique voulant que l’angle d’incidence d’un rayon lumineux est égal à l’angle de réfraction. Dans le cas présent, les rayons sont réfléchis vers le bas et non pas dans les yeux du spectateur.

Si le spot est trop éloigné du tableau, à cause de ce même principe, les rayons risquent d’être renvoyés vers les yeux, ce qui aura pour effet d’éblouir le spectateur en créant une tache lumineuse particulièrement gênante pour l’observation. Plus la surface peinte sera brillante, plus cet effet “miroir” sera accentué.

D’autre part, un spot trop rapproché du plan du tableau créera une lumière rasante ce qui accentuera le grain de la toile ou les reliefs de la couche peinte et parasitera le desin et le jeu des couleurs.

 

 

 

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